Le mythe de Sisyphe

Pierre qui roule est plus facile à pousser...

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Salut à toi lectrices et lecteurs de l’internet !
J’ai oublié de faire la lettre de lundi… vous arrivez à y croire vous ?
Dimanche c’était la fête des pères, on a fait des trucs en famille, et puis le soir on a regardé un film, tranquilou, et je suis allé me coucher, et….. j’ai pas fait la lettre… mais j’ai fait une vidéo pour me rattraper qui raconte mon entrée dans la franc-maçonnerie… si ça peut rattraper un peu.

Non je sais, j’ai encore fait une boulette et vous m’en voyez terriblement désolé, je sais que vous avez dû attendre la lettre avec impatience, et je vous ai laissé tomber.
Mais ne vous inquiétez pas, je reviens aujourd’hui avec un thème super sérieux: Le Mythe de Sisyphe.

Bon alors juste avant de parler du caillou qu’on pousse, voici la dernière vidéo de la chaîne A LAQUELLE VOUS DEVEZ VOUS ABONNER !
Sachez que cette vidéo m’a apporté son lot de commentaires négatifs d’anti maçons peu éclairés. C’est la notoriété qui comment à se faire sentir !

Alors on y va pour Sisyphe.
Prépare-toi, parce que c'est une histoire qui roule. Littéralement (Je vous avais dit que je la placerais celle-ci)

Le mythe de Sisyphe, c’est l’histoire d’un gars qui a vraiment pas eu de bol. Sisyphe, roi de Corinthe, était un type plutôt malin. Tellement malin qu'il a réussi à déjouer la mort non pas une, mais deux fois. Ce qui, soyons honnêtes, n’est pas un exploit qu’on voit tous les jours.

Zeus, le grand patron de l’Olympe, a fini par en avoir marre de ses petites combines et a décidé de lui infliger une punition exemplaire. Sisyphe fut condamné à pousser un énorme rocher en haut d'une colline, pour le voir redescendre à chaque fois qu'il atteignait le sommet. Et rebelote. Pour l'éternité. Un peu comme nous tous, quand on essaie de garder notre maison propre avec des enfants qui mettent des jouets partout…

Mais au-delà de cette punition divine, ce mythe soulève des questions philosophiques intéressantes. Albert Camus a d’ailleurs écrit un essai là-dessus. Il y voit une métaphore de la condition humaine : nous, les humains, on passe notre vie à chercher un sens à notre existence, à accomplir des tâches répétitives sans fin. Camus, plutôt que de se lamenter sur notre sort, propose de voir Sisyphe comme un héros. Pourquoi ? Parce que même face à l’absurdité de sa situation, Sisyphe continue de pousser son rocher, encore et encore. Un vrai modèle de persévérance, quoi.

Tu te dis peut-être : « Mais Ludo, quel rapport avec la Franc-Maçonnerie ? ». Eh bien, figure-toi que notre quête maçonnique, c’est un peu comme pousser ce fichu rocher. On cherche à s'améliorer, à travailler sur nous-mêmes, à trouver un sens dans notre parcours. Et parfois, on a l'impression de faire du surplace, de répéter les mêmes erreurs. Mais c'est ça, le voyage. C’est dans l’effort continu qu’on trouve notre véritable force.

Le mythe de Sisyphe, c'est aussi une réflexion sur l'absurdité de la vie. Camus nous dit que la vie est fondamentalement absurde parce qu'il n'y a pas de sens préétabli. Nous sommes tous un peu comme Sisyphe, condamnés à pousser notre rocher sans jamais atteindre le sommet de manière définitive. Mais là où réside la beauté, selon Camus, c’est dans notre capacité à accepter cette absurdité et à continuer malgré tout. Sisyphe est heureux, nous dit Camus, parce qu’il accepte son sort et trouve du sens dans l’effort même.

Prenons un exemple concret : au quotidien, on se lève, on va travailler, on rentre chez soi, on s’occupe de nos obligations, et le lendemain, on recommence. Vu de loin, ça peut sembler répétitif et futile. Mais ce qui compte, c’est la façon dont on aborde ces tâches. Si on trouve du plaisir dans ce qu’on fait, si on donne du sens à nos actions, alors notre rocher devient moins lourd à pousser.

C'est qu'en vérité le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout

Albert Camus

Un autre aspect intéressant du mythe est son lien avec la rébellion. Sisyphe, par son refus d’accepter son destin sans broncher, incarne l'esprit de rébellion contre l'ordre établi. En tant que Franc-Maçon, on peut y voir une analogie avec notre propre quête de liberté et de connaissance. Nous aussi, nous cherchons à comprendre le monde et à améliorer notre condition, même si cela semble parfois impossible ou absurde.

Et puis, entre nous, qui n’a jamais eu l’impression de rouler un rocher en haut d’une colline, juste pour le voir redescendre ? Que ce soit au boulot, dans nos relations, ou même en essayant de monter un meuble IKEA sans instructions... Sisyphe, c’est un peu nous tous, confrontés aux défis du quotidien.

Parlons aussi de la dimension psychologique du mythe. Sisyphe nous montre que la lutte en elle-même peut être source de satisfaction. C'est ce que la psychologie positive appelle "l'état de flow", cet état où l'on est pleinement engagé dans une activité, où le temps semble s'arrêter et où on trouve du plaisir dans le simple fait de faire. Les sportifs connaissent bien cela, quand ils sont dans "la zone", et que chaque mouvement, chaque effort, devient naturel et gratifiant. Sisyphe, malgré l'absurdité de sa tâche, pourrait bien être dans cet état de flow perpétuel, trouvant du sens dans chaque pas, chaque poussée de son rocher.

Il y a aussi une dimension existentielle. Le mythe de Sisyphe est souvent interprété à travers le prisme de l'existentialisme, une philosophie qui met l'accent sur la liberté individuelle et la responsabilité personnelle. Sartre, un autre grand penseur existentialiste, aurait peut-être vu en Sisyphe un exemple parfait de la condition humaine : libre de donner du sens à sa propre vie, même dans une situation apparemment désespérée. Sisyphe, en choisissant d'accepter son sort et de continuer à pousser son rocher, exerce en réalité sa liberté. Il se réapproprie son destin et transforme son supplice en acte de rébellion contre les dieux.

Dans un monde où nous sommes souvent submergés par les attentes sociales et les pressions extérieures, le mythe de Sisyphe nous rappelle l'importance de trouver notre propre voie. Il nous invite à embrasser nos luttes et à trouver du sens dans l'effort quotidien, même lorsque le but final semble hors de portée.

Alors, que faut-il en retenir ? Que malgré l’absurdité apparente de nos efforts, il y a toujours du sens à trouver. Que dans chaque geste, aussi répétitif soit-il, il y a une opportunité de croissance et de découverte. Et peut-être que, comme Sisyphe, on peut apprendre à aimer notre rocher. Ou du moins, à ne pas le maudire trop fort chaque matin.

Il est aussi important de noter que ce mythe nous enseigne l'importance de l'endurance et de la résilience. Dans nos vies modernes, nous sommes souvent confrontés à des échecs, des obstacles et des déceptions. Mais c'est notre capacité à continuer, à persévérer malgré tout, qui nous définit. Sisyphe ne se laisse pas abattre par la répétition de sa tâche. Au contraire, il trouve la force de continuer, jour après jour, et c'est cela qui fait de lui un héros selon Camus.

En conclusion, le mythe de Sisyphe nous rappelle que même si la vie peut sembler absurde et répétitive, c'est notre attitude face à cette réalité qui compte. En trouvant du sens dans l'effort, en acceptant l'absurdité de notre condition, nous pouvons transcender notre sort et trouver une forme de bonheur.

Bon voila, j’ai raté la lettre de Lundi, mais je vous ai mis une double ration Jeudi… ça compense !
Merci à tous de m’avoir lu et merci à ceux qui partagent cette infolettre autour de vous, ça me touche beaucoup de savoir que vous me lisez !
N’hésitez surtout pas à m’envoyer un petit message, je réponds à tous !

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Tchao,
L

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